En début d’année scolaire 2000-2001, 18 élèves (14 gars et 4 filles) ayant à leur tête 3 enseignants se sont lancés dans un tout nouveau projet : Un CFER en Beauce. Au début de l’année nos locaux n’étant pas prêts, nous avons été hébergés à la salle des Chevaliers de Colomb. Retirés à l’extérieur de la Ville de Ste-Marie, très loin de la Polyvalente Benoît-Vachon, les élèves et les enseignants n’ont pas eu d’autre choix que de créer des liens et de se détacher de leurs vieilles habitudes.
Cinq semaines passent; cinq semaines de formation, d’activités diverses, une genre de retraite fermée où l’on s’interroge, où l’on se prépare à intégrer nos nouveaux locaux. On se rend les visiter : les ouvriers sont au travail. Les élèves choisissent de se rapprocher et de poursuivre leur formation préparatoire en se relocalisant dans une partie désaffectée de l’usine. Peu à peu, on s’approprie nos nouveaux locaux en les nettoyant et en les peinturant (peinture CFER comme de raison).
À la mi-décembre, manuellement et très artisanalement nous commençons à démanteler des palettes de bois que nous fournit MAAX. On est débordé, on n’arrive pas à fournir. Au début de janvier, grâce au fonds de démarrage des CFER, on se mécanise : une démanteleuse de palettes (Made in Beauce), une arracheuse de clous, une ébouteuse, une scie radiale, une déligneuse, une arcadeuse (gracieuseté de Transcontinental), des marteaux pneumatiques, un compresseur d’air et un dépoussiéreur nous permettent d’atteindre enfin l’ère industrielle. La production augmente, les contrats arrivent. Nous débutons par Chassé inc. à qui nous fournissons du bois pour fabriquer des palettes. Nous fabriquons aussi celles qui sont de dimensions spéciales. Plusieurs centres jardins nous commandent des tables et des étagères de toutes dimensions et de toutes formes. Toute cette fabrication est à base de bois qui aurait été enterré dans un site d’enfouissement. Ce qu’on considérait comme des rebuts devient tout à coup une ressource. Beau coup de baguette magique. Les magiciens, des étudiants que l’on considérait comme exclus ou décrocheurs : donc double récupération. Un CFER récupère des individus et de la matière.
Notre projet a vu le jour grâce à la collaboration du milieu, de la Commission Scolaire Beauce-Etchemin, du fonds de démarrage des CFER et de la détermination de trois enseignants qui ne font qu’un et qui ont choisi ce CFER comme leur club social et/ou leur club de service. À noter cependant que la belle réussite que connaît notre CFER repose en premier lieu sur l’implication de nos élèves. Ils en sont les meilleurs vendeurs. Au cours de ces années, des compagnies comme Chassé inc., MAAX, Transcontinental, J.M. Smucker’s de même que les Caisses Populaires et des organismes de la région ont continué à nous encourager et nous ont aidés ainsi à poursuivre cette formation qui permet à nos élèves d’entrer dans le monde du travail bien préparés. À défaut de se présenter avec en main un diplôme de secondaire 5, ils détiendront un certificat en entreprise et récupération qui confirme à l’employeur que ces candidats sont capables de travailler avec RIGEUR, RESPECT, ENGAGEMENT, EFFORT et AUTONOMIE.
Depuis septembre 2016, le CFER se trouve à même les locaux de la Polyvalente Benoît-Vachon. En 2019, il ouvre une deuxième entreprise, les Serres Desjardins.